[zoom] Les bonnes étoiles
(Japon 2022) drame de Hirokazu Kore-eda avec Song Kang-Ho, Dong-won Gang, Doona Bae.
2h09.
Après le génialissime Une affaire de famille auréolé de la Palme d’or 2018 au festival de Cannes, le réalisateur japonais Hirokazu Kore-eda – le cinéma social chevillé au corps – renoue avec cet esprit… de famille. Une thématique récurrente qui fait la part belle à son œuvre cinématographique !
Si la Palme raconte avec force humanité l’histoire d’une petite fille perdue, transie, dans les rues de Tokyo et recueillie par une famille de marginaux, Les bonnes étoiles, elles, mettent le doigt sur un malaise tout aussi profond et nauséeux qui s’est infiltré dans la société sud-coréenne : l’adoption… Avec ces “boîtes à bébés” destinées à accueillir le nouveau-né abandonné par une jeune mère qui n’a souvent guère d’autre choix. Avec aussi, le trafic d’enfants qui en découle.
Le ton est donné… Et même si cette fresque sociale n’arrive pas à la cheville de Une affaire de famille, elle ne perd en rien de sa splendeur visuelle, narrative, contemplative et poétique.
Du grand art, un ovni sur pellicule joyeusement dramatique où la puissance des liens du sang est parfois, souvent moindre que ceux du cœur. Comme nous le démontre avec une vive et tendre émotion cette drôle de famille reconstituée. Une mère biologique au passé trouble qui accepte de vendre son bébé, un bébé qui n’a pas de sourcils (running gag), un gamin orphelin qui se cramponne à cette troupe atypique, et ces deux trafiquants à la limite de l’amateurisme ; l’un pensant bien faire, l’autre devant de l’argent à la mafia. L’autre qui n’est autre que le non moins charismatique Song Kang-Ho, révélé dans Parasite (Palme d’or 2019, sublimement féroce) et qui, cette année, a décroché le prix d’interprétation masculine au festival de Cannes pour Les bonnes étoiles.
Un quintet brillamment orchestré que l’on suit, amusé, au volant de cette voiture-pressing dans ce road trip fantasque constellé d’âmes cabossées et ô combien attachantes.