Simca, Tati, Tintin, Pigozzi… dans le rétro !
Détenteur de la plus belle collection d’Europe de taxis miniatures, Patrick Warin met cette fois les pleins phares sur Simca. La star des Trente Glorieuses qui, malgré ses 90 ans, n’a pas perdu de sa superbe. Retour sur ses heures de gloire. Et ces belles années passées dans ce garage de Saint-Nazaire qui lui ouvre, de nouveau, ses portes…

Des Dinky toys de son enfance à la Simca 1000, des bêtises de Cambrai au Garage de la rue des Halles – où depuis peu, Patrick Warin loue une partie de l’étage, pour y partager sa passion de l’automobile –, la boucle est bouclée ! Jamais, foi de Normand, cet amoureux des belles bagnoles version miniature n’aurait pu s’attendre, avant qu’il ne quitte Paris il y a deux ans, à pareille aventure au cœur même de la cité portuaire ! Se voir un jour investir les murs de ce qui fut jadis (1958-1980) l’un des temples de la marque franco-italienne Simca – lieu mythique où son âme y est encore perceptible –, et y exposer sa collection ad hoc, relevait quasi du miracle.
Tout au long de l’exposition, une Simca P60 de 1959 bicolore (beige de Venise, ivoire de Chine) sera au centre de toutes les attentions.
Et dimanche 14 janvier, le club Simca France exposera une vingtaine de modèles de collection sur le parking des Halles, de 10h à 17h.
Expériences à vivre grandeur nature, s’il vous plaît !
De Pigozzi à Tati
Devons-nous y voir un quelconque signe ? Celui envoyé au pape François par la fille de Henri-Théodore Pigozzi, le fondateur en 1934 de la Société Industrielle de Mécanique et de Carrosserie Automobile ? L’ex-journaliste* de Paris Match, spécialiste du Vatican qui “murmure à l’oreille des papes”, aurait-elle joué de ses influences pour qu’il en appelle de ses vœux ? Que nenni, certo ! Le fruit du hasard, tout simplement. Des signes bien heureux qui s’enchaînent les uns après les autres. Car jamais là encore, en débarquant à Saint-Marc-sur-Mer, ce « fan de Tati » n’aurait pu imaginer vivre dans une allée qui porte le nom de la ville de naissance du réalisateur ! Et comme un bonheur n’arrive jamais seul, le génie du cinéma burlesque français s’invitera à cette expo-événement ! De coïncidences, il n’en est plus question : « Il s’avère, raconte Patrick Warin, que Jacques Tati et Pigozzi avaient sympathisé ». Pour le tournage de Playtime, sorti en 1967, Tati était venu filmer des Simca sur les gigantesques parkings de l’usine de Poissy, des Simca à la queue leu leu, des Simca autour des ronds-points. Des Simca 1300 1500 par dizaine, toutes du même gris, comme pour mieux « témoigner, sans forcément la critiquer, de l’invasion de l’automobile dans l’uniformisation de la vie moderne », poursuit l’ancien professeur agrégé d’histoire, sorti diplômé de l’ENA en 1980, de la fameuse promotion Voltaire (Hollande, Royal, Villepin et Cie).
De Tintin aux 24 heures du Mans
Et Tintin dans tout ça ? Pas évident. Mais en cherchant bien, Patrick Warin a fini par trouver tout récemment ce qui va faire la fierté de l’association des 7 Soleils, avec laquelle il est très lié… « Dans l’album de Hergé, Les 7 boules de cristal, qui se termine à Saint-Nazaire, on aperçoit bien, page 46, une Simca 8 arrêtée par des gendarmes belges ! » Un trésor de plus qui viendra compléter l’exposition déjà bien exhaustive… Près de 200 modèles réduits de Simca sur les 3 000 pièces que détient Patrick Warin, dont une collection de taxis, inestimable, la plus belle d’Europe. Deux cents modèles, et une vingtaine de panneaux pour raconter toute l’histoire de Simca, une centaine d’affiches et d’objets publicitaires d’époque, des BD, des photographies, des dioramas et jeux pour les enfants, des beaux livres à consulter sur place, des vidéos projetées en boucle, un focus sur les légendaires Graham Hill et Henri Pescarolo qui ont remporté les 24 Heures du Mans sur la Matra Simca MS670 n° 15 en 1972. Un autre (focus) sur ce Saint-Nazaire d’antan, sur la concession Simca, ses propriétaires Jeanine et Yves Pineau. Et sur toutes ces Aronde, Ariane et autres Simca 1000 qui roulaient dans les rues de Saint-Nazaire. Les stars de l’époque ! « Sur les photos, on ne voit qu’elles ! Devant Les nouvelles galeries, le palais de justice en construction, les bacs de Mindin… » Loin d’être « une ode à la bagnole, tient à préciser Patrick Warin, c’est un pan de notre histoire qui est ici raconté. L’histoire des Trente Glorieuses, de la culture populaire, l’histoire de l’industrie. De celle qui parle aux gens ».