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Avec OLA « l’obésité n’est pas un tabou »

À presque 10 ans, l’association OLA* s’associe à la Journée mondiale de lutte contre l’obésité pour tordre le cou aux idées reçues, et faire évoluer les mentalités sur une maladie « trop stigmatisée ».
Au programme : marche solidaire, matinée d’échanges et café-débat pour dire « stop à la grossophobie ».

« Gros n’est pas un gros mot. » Une punchline qui a du poids. En citant à haute voix une partie du titre coup de poing du livre** de Daria Marx et Eva Perez-Bello du collectif Gras politique, Bérengère Dubost, diététicienne et vice-présidente de l’association OLA, sait ce qu’elle fait. Et dit. À l’heure où la grossophobie – mot entré dans le Larousse seulement en 2023 – s’exprime sans filtre sur les réseaux, réceptacle de la haine en barre. Moqueries, harcèlements, tombereaux d’insultes, d’injures, le lot quotidien des victimes. Le dernier (médiatisé) à en faire les frais : « Nico Capone de Danse avec les stars. La preuve, s’il en fallait, que la grossophobie ne faiblit pas », se soucie Brigitte Helders, présidente d’OLA, la voix ébranlée par cette « stigmatisation inconsciente », car d’aucuns encore de penser que l’obésité n’est pas une maladie. Et pourtant, elle l’est. « Depuis 1997, elle est reconnue comme une maladie chronique, évolutive et multi- factorielle par l’OMS (Organisation mondiale de la santé). En France, malheureusement, elle n’est pas inscrite sur la liste des affections de longue durée. » Conséquence : les soins et les traitements ne sont pas pris en charge à 100 %.  

Régime : un mot tabou  

Stigmatisation inconsciente, peut-être aussi parce que « l’obésité est perçue comme une maladie peu noble ». Les clichés sont légion, les a priori ancrés : « T’es gros, car tu ne bouges pas ; t’es gros car tu manges trop, t’es gros car tu n’as pas de volonté, et j’en passe. ». Grosse erreur. L’obésité n’est autre que le symptôme de maux et de facteurs divers : « Pauvreté, mal-être social, choc psychologique, stress, traitement médicamenteux, manque d’accès à la diversité alimentaire… Vous savez, être obèse n’est pas un choix », témoigne Brigitte Helders, qui dit être « toujours obèse », malgré les apparences. « Obèse, on le reste toute sa vie. C’est une maladie chronique », insiste-t-elle. Et la présidente d’OLA d’ajouter sans parti pris, juste avec le cœur : « Cette association a été pour moi une renaissance ». « Un vrai soutien, une famille que je ne quitterai pas », pour Annie Kandilis, la secrétaire. Leur corps en harmonie avec leur esprit, les deux acolytes, et la vingtaine de bénévoles à leurs côtés, s’investissent pleinement pour rendre à celles et ceux qui ouvrent la porte de l’association ce qu’elles ont reçu. Confiance, bien-être, estime de soi, acceptation de leur corps. Et sans régime. « Régime, sacrilège, un mot tabou chez nous. On ne s’inscrit pas dans un processus d’amaigrissement à la Comme j’aime. Notre objectif : réconcilier nos adhérents avec l’alimentation, avec le plaisir de manger, avec le plaisir de cuisiner sans compter les calories. » 

« Tout rappelle, dans notre société, qu’elles/ils sont hors normes.
Les sièges des bus, des salles d’attente, des avions, des difficultés à attacher sa ceinture… La liste est longue. »
 

De la cuisine à l’équithérapie 

Pour parvenir à cette quête d’épanouissement, OLA a mis le paquet, et concocté avec ses huit intervenants sous contrat, un programme complet en énergie positive. Des activités physiques adaptées sur ordonnance (gym, zumba, aquagym, longe-côte, marche nordique), des activités autour de l’alimentation (ateliers pédagogiques et cuisine), des activités bien-être (groupe de parole, ateliers socio-esthétiques et estime de soi). Et la petite dernière, de l’équithérapie, une médiation par le cheval pour travailler la pleine conscience. Preuve « qu’on peut être en surpoids ou obèse, et qu’on peut danser, s’amuser, vivre, tout simplement ! » Sans local fixe, l’association propose du covoiturage pour se rendre aux différents points de rendez-vous, Montoir-de-Bretagne et Saint-André-des-Eaux, Pornichet, La Baule, la Cité sanitaire. Aujourd’hui, ils sont plus de 200 adhérents, répartis sur le secteur nazairien, mais aussi sur la presqu’île de Guérande, en Brière, dans le sud-Loire. Ce qui fait d’OLA « la plus grosse association ad hoc sur le territoire », laquelle fêtera ses 10 ans d’existence en mai prochain. 

Journée mondiale 

L’obésité est un problème mondial. 800 millions*** de personnes vivent avec cette maladie, et des millions d’autres présentent un surpoids. Et national. 47,3 % des adultes français seraient obèses ou en surpoids***. Des chiffres à ne pas prendre à la légère. D’où cette prise de conscience, et cette journée mondiale de sensibilisation, le 4 mars, à laquelle OLA s’associe, dès le 3 mars avec une marche solidaire de 5 km autour du Bois Joalland (RDV 10h, parking côté bi-cross). Mardi 12 mars, une matinée d’échanges sera organisée à Herbignac ; mercredi 13 mars, OLA proposera un café-débat à la Cité sanitaire, à 18h30, le tout animé par des professionnels de la santé. « Pour sensibiliser le grand public à la souffrance des malades, et dire stop aux clichés. »  

* Obésité Loire-Atlantique 

** « GROS » n’est pas un gros mot, chroniques d’une discrimination ordinaire, de Daria Marx et Eva Perez-Bello du collectif Gras politique, 5 € 

*** Par l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), qui s’est appuyé sur les chiffres collectés en 2020 par l’institut de sondage Odoxa.