Instants fertiles, un festival spatio-sensoriel
Musique improvisée, électronique, électroacoustique, expérimentale ou traditionnelle, Instants Fertiles donnent à entendre une diversité d’esthétiques. Du 11 au 17 novembre, la 12e édition de ce festival mettra à l’honneur les musiciennes, les sons ancestraux d’ici et d’ailleurs, les lutheries anciennes ou nouvelles ainsi que les interactions entre artistes et machines.
Live coding.
Pour ce cru 2024, le festival met de nouveau en lumière le travail des musiciennes, compositrices ou autrices de premier plan. Christine Groult fait son retour avec Les eaux s’accordent. Une symphonie électro acoustique créée au dernier Festival de l’eau. Diffusée sur un acousmonium (orchestre de haut-parleurs), elle résonnera au cœur du Life (16 nov.). Autre femme emblématique : Joëlle Léandre. Seule femme parmi les cinq plus grands contrebassistes mondiaux, elle a été choisie par l’Ircam* pour expérimenter une application d’improvisation et de composition musicale et interpréter la pièce REACHing OUT!#2 (17 nov.). La relation entre IA et pratique amateur, initiée l’an passé, se poursuit aussi.
« Les élèves des ateliers de pratiques artistiques d’Athénor et du conservatoire vont ainsi imaginer des Impromptus en lien avec les concerts », annonce Camel Zekri, le directeur d’Athénor.
Matière à voir et à entendre
Les fils rouges se tissent cette année autour des lutheries et de leurs inventeurs comme Hervé Birolini. Dans Des Éclairs (12 nov.), il fait de l’énergie un spectacle et donne à entendre et à voir la matière électrique à l’œuvre. Le même soir, le spectacle audiovisuel Vif questionnera le devenir des ressources planétaires dans une performance mêlant musique électronique et traitement d’image en direct. Point de départ : un récit de Damasio dont le son est partie prenante de l’écriture. Écrire aujourd’hui pour les instruments d’hier, c’est encore ce qui a suscité la créativité de Guillaume Connesson, à qui l’orchestre Stradivaria baroque de Nantes a commandé une partita. Swingin’Partita rappelle ainsi que composition musicale et lutherie sont indissociables (17 nov.). Dans ce festival, résume Camel Zekri, « on part de la lutherie en bois jusqu’à l’algorithme avec des musiciens qui fabriquent leurs instruments, en passant par la cabane de Linda, avec In this house (15 nov.), jusqu’au Live coding (14 nov.) ». Cette technique de programmation interactive, qui combine musique, algorithme et improvisation.
Sons insolites
La dimension transculturelle s’élargit aussi avec les lutheries traditionnelles coréennes de U-RI (le 13 nov.), indiennes et africaines. Alex Grillo questionne la place de la femme sur le continent noir et interroge la post-colonialité dans Pagnes arrachés (11 nov.). Le lendemain, ce vibraphoniste et compositeur se prêtera au jeu d’une rencontre avec Balakumar Paramalingam, l’un des maîtres du mridangam (percussion digitale). Ce virtuose du konnakol, technique impressionnante de percussion vocale, proposera également un voyage rythmique au cœur de la musique carnatique (13 nov.). Des musiques traditionnelles via l’exploration de ses fonctions ancestrales avec Nadoz (11 nov.) aux musiques contemporaines, Instants Fertiles s’articulent autour de propositions inédites. « Ils donnent la possibilité de vivre un moment avec des artistes d’exception, s’enthousiasme le directeur d’Athénor. Ils offrent une dimension spatiale et sensorielle unique grâce à des dispositifs sonores insolites. Le son se déploie dans l’espace, en immersion, devant, derrière, autour de nous. Son mouvement se rend perceptible et ce son ne s’écoute que dans ces conditions de concert. Ici, espace, lieu, temps, créent une sensation et une dimension sensorielle exceptionnelle », à (res)sentir du 11 au 17 novembre.