Saint-Nazaire Renversante fait le Bozz !
Après le succès des Journées du patrimoine et avant le lancement des festivités des 80 ans de la libération de la poche de la cité portuaire, Saint-Nazaire Renversante dévoile une nouvelle saison chargée en événements… Et complétée de deux belles acquisitions.

Parti de Londres, le tableau de Gaston La Touche est arrivé à bon port, le 9 octobre dernier.
On l’effleure du regard, et souvent trop vite, on passe devant sans lui porter grand intérêt. Pourtant, il est là ce patrimoine, tout à côté, des myriades de petites et grandes pépites qui se révèlent au quotidien, insolites et précieuses quand elles ne sont pas cachées dans un cadre au fond d’un placard, comme ce fut le cas – en Angleterre – pour trois dessins signés du célèbre artiste Laurence Stephen Lowry ! Rien que par ses dimensions (3,11 m de haut par 1,92 de large), la nouvelle acquisition de Saint-Nazaire Renversante ne risquait pas pareille destinée !
L’arrivée de la princesse
Une pièce unique, réalisée en 1911 par Gaston La Touche (1854-1913). L’arrivée de la princesse venait alors décorer la grande descente de l’escalier qui menait à la salle à manger de 1re classe du paquebot France (1912), surnommé le “Versailles des mers” – rien que ça ! –, d’où ce grand tableau de style romanesque inspiré des jardins versaillais qui n’est pas sans faire résonance à « la magnificence des châteaux français des XVIIe et XVIIIe siècles », raconte Thiphaine Yvon, responsable du pôle Patrimoine. Ce tableau – propriété en 1934 du directeur/président de la Compagnie générale transatlantique, puis quelques années plus tard d’une collectionneuse anglaise – fut acquis en février dernier lors d’une vente publique à Londres à « un tiers du prix initial proposé il y a 5 ans ». Le montant restera secret pour des raisons d’assurance. Arrivé le 9 octobre à Saint-Nazaire, les visiteurs d’Escal’Atlantic ne pourront l’admirer que « plus tard », une fois la toilette faite (perte de matière oblige), et la place digne de son rang trouvée. Ce n’est pourtant pas Versailles ici (trop grande était la tentation !).
De Bozz à Spirou…
… Il n’y a qu’un groom ! Bozz, son pseudo quand il crée le personnage de Subito pour le journal Le Petit Parisien, en 1936 à son retour des États-Unis. Le “Toto” parisien, en écho à l’un de ses nombreux héros de BD, était alors « steward, animateur de jeux et caricaturiste » à bord des paquebots de la Compagnie générale transatlantique. Il s’amusait à croquer les passagers, dont Mistinguett et Joséphine Baker, deux dessins parmi les 37 qui font désormais partie de la collection de l’Écomusée. Pour la petite anecdote, Robert Velter (1909-1991), dit Bozz, dit aussi Rob-Vel aurait « rencontré Walt Disney, mais n’aurait osé lui présenter ses esquisses », souligne Sébastien Jubau, chargé de recherches documentaires du pôle Patrimoine. Ce n’est qu’un peu plus tard qu’il croisera le chemin, sans doute sur le pont, du bédéiste américain Martin Branner dont il deviendra l’assistant pour les planches de la célèbre série de bande dessinée humoristique Winnie Winkle qui durera 76 ans (1920 -1996) ! C’est en 1938 que l’ex-steward créera, pour les éditions Dupuis, Spirou, un « gamin espiègle et vif d’esprit, roux comme un… écureuil ! », à l’accent belge ? Eh oui, Spirou veut bien dire écureuil en wallon. Une info qui vaut bien son pesant de noisettes !
Info + : une causerie sur le sujet aura lieu le 6 novembre, 19h, à Escal’Atlantic où les productions de l’artiste seront visibles (une partie le sera aussi sur saint-nazaire-musees.com)
80 ans de la Libération, etc.
Les causeries, parlons-en. Une première, le 25 octobre, sur les Paquebots transatlantiques, mythe et réalité, modernité et paradoxe, puis quatre autres jusqu’à mars. Un rendez-vous qui séduit autant que le patrimoine, à Saint-Nazaire, attire. Les dernières Journées du patrimoine pour preuve… Près de 8 000 visiteurs contre 6 500 l’an dernier, soit une augmentation de 23 %. Phénoménal. Alors pourquoi ne pas faire participer les habitants à la programmation ? « Jusqu’en 2026, elle sera construite avec eux. Qu’ils soient actifs dans la promotion patrimoniale de leur ville, qu’ils en deviennent les ambassadeurs. Une liste de huit sujets (histoire sociale, congés payés, métiers liés au port, etc.) sera ainsi proposée aux abonnés de la newsletter Patrimoine », souligne Céline Girard-Raffin, présidente de Saint-Nazaire Agglomération Tourisme. Une saison qui « réserve des surprises, promet-on, même si certains sujets sont déjà fixés », comme les 80 ans de la libération de la poche de Saint-Nazaire, la dernière ville de France et d’Europe à avoir été libérée, le 11 mai 1945 !