Retour à la liste des films
Cinéma # La Toile de Mer

[Zoom] Flow

(Lettonie 2024) animation de Gints Zilbalodis.
1h25.

Note de la rédaction :

Quatre prix au festival d’Annecy, des passages remarqués à Cannes et autres hauts lieux dédiés au 7e art… Et quand bien même l’auréolé et muet Flow fait ”couler” beaucoup d’encre dans les cercles fermés, il peut compter sur le bouche-à-oreille pour faire croître sa cote de popularité ! Car cette jolie petite curiosité lettone, qui n’a pas à rougir de sa condition d’animé non-estampillé Miyazaki ou autres grands maîtres du genre, va faire parler d’elle… Et ce, autant dans les cours de récréation qu’à la sortie des usines. 

Flow, c’est avant tout un émerveillement pour l’œil, d’une esthétique visuelle hautement onirique. On parcourt, pénètre des paysages terrestres et aquatiques à couper le souffle ; on s’immisce, s’infiltre dans des lieux qui dépassent l’imaginaire ; on caresse, effleure des yeux des vestiges de contrées que l’on devine incas ou vénitiennes, ruines enchanteresses où déluge post-apocalyptique et poésie du vivant ne font plus qu’un. Car si la présence humaine n’a d’existence qu’à travers ces pierres, clochers et cités bientôt engloutis, la vie continue…  Par ces forêts luxuriantes bientôt elles aussi dévorées, et par ces animaux qui y règnent majestueusement… Jusqu’à cette montée des eaux où ces héros poilus, à plumes, à deux ou quatre pattes devront, bien que tous différents, s’unir pour survivre, avec les qualités et défauts propres aux humains ! C’en est drôle, parfois. Ou pathétique ! 

Flow est donc un film beau, graphiquement. Et beau humainement. Et fatalement réaliste. Solidarité, tolérance, différence, acceptation, vivre-ensemble,  individualité, instinct primaire… Des situations, des actes, des mots puissants doublés d’un message sociétal et écologique qui fait inexorablement écho à nos (trop récentes) actualités ! Et qui forcément oppresse… À l’image de cette odyssée sans dialogue qui prend aux tripes. À l’image de ce maelström émotionnel qui embarque le spectateur dans une sorte d’arche de Noé revisitée où l’on y sourit, se crispe et pleure à chaudes larmes.