Manu Beaudouin, a desperate house sketcher ?
On le connaît au micro, à chanter guitare en bandoulière, la vie, le couple, le soi… Moins à croquer l’urbain dans ses recoins, et pourtant ses dessins cartonnent, alors qu’il n’est pas encore totalement urban !
L’élève urban aurait-il dépassé le maître (d’école) ?
Urban sketcher – dessinateur in situ de la vie citadine –, Manu Beaudouin ne l’est qu’à demi-teinte, et à 100 % quand il est en vacances, à croquer, stylo plume à la main, les ruelles, façades et autres ambiances ibères ou méditerranéennes…, dans tous les cas, assurément urbaines. L’autre partie du temps, il joue le « desperate house sketcher ! » à dessiner « bien au chaud », dans son « chez nous ». Son modus operandi ? : « Je sors, fais quelques gribouillis, prends des photos », puis retour à la casa, départ pour plancher. Un rituel devenu quotidien, sinon « addictif », confie l’artiste au Un-dessin-par-jour, une “musique” répétitive qui lui rappelle le temps des studios, où le chanteur-guitariste y passait des heures à « enregistrer, enregistrer… » Au total, trois albums solo (entre 2001 et 2011) et un en duo avec le Grand Huit, en 2019.
« À distance de vélo »
De cette routine conscientisée, de ce confor’fait maison, Manu Beaudouin veut s’en extraire, « à distance de vélo ! » Sillonner à bicyclette les environs urbains, passer plus de temps dehors, s’y poser, s’y éterniser sans compter, comme tout urban sketcher qui se respecte ! Le nouveau challenge de ce crockeur bientôt plus urban que house, et surtout pas desperate, du moins plus. Et ce n’est pas l’enseignant à la retraite qui dira le contraire, prêt à se mettre en danger, à accepter l’erreur, ce raté, ce coup de crayon qui dérape. Car c’est ça, l’urban sketching : l’art du croquis sur le vif, et difficile de revenir en arrière : « On peut maquiller » la “fausse note”, « mais pas l’effacer ! » Une autre approche, technique « mais je vais y arriver ». Aucun doute.
L’idole des Coréens
Depuis 2017, et ses premières « imitations, pour [me] rassurer », beaucoup d’encre a coulé sur les carnets et feuilles « volantes » ! Et c’est peu dire… 7 000 followers sur son Insta ouvert en 2021, les Coréens en première ligne : « Ils adorent ce que je fais ». C’est sans parler de ceux qu’il avait, à ses débuts (et toujours), en admiration, des références en leur état, qui aujourd’hui le comblent d’éloges ! « J’en reviens toujours pas. On vient même me demander conseil. » Et le plus dingue dans l’histoire, « c’est ce couple d’Américains qui envisage de sortir une ligne de vêtements avec mes dessins dessus ». L’élève aurait dépassé le maître (d’école) ? Aussi modeste qu’il soit, l’autodidacte tique sur la formulation…
Et Saint-Nazaire, à croquer ?
Qu’à cela ne tienne, Manu Beaudouin est au faîte de son art. Un art qui se révèle en noir et blanc, aquarellé ou obliquement hachuré, un art pris dans ce jeu poétique qui rime avec ombre et lumière ; et plus prosaïquement parlant, avec câbles, fils électriques, poteaux télégraphiques et panneaux de signalisation. Ces mobiliers dits urbains, ces petites « saletés qui peuvent parfois déranger ! », celles qui font la différence, la patte du dessinateur nazairien qui peine encore à sublimer sa ville, « bien que plus inspirante qu’avant, confesse-t-il sans concession. À force de l’observer, et d’en esquisser ses contours, ses corniches, ses formes architecturales [Ndlr : pour des commandes de dessins de maisons, entre autres], je la vois différente. Un peu comme une vieille mariée ! Eh oui, Saint-Nazaire et moi, c’est l’histoire d’un vieux couple. Si je ne la supportais pas, je serais parti depuis longtemps ! » Ainsi, par le dessin et la musique (une chanson lui sera dédiée sur un prochain album), Manu Baudouin lui rend hommage. Une façon, sa façon de l’aimer, à la hopefullness urban life ?
// les autres artistes
• Ornicar Takito privilégie la sculpture et l’écriture, use de matériaux modestes, sable et papiers. Ses œuvres interrogent le lien entre Bretagne et Afrique, homme et oiseau, fragilité et éternité.
• Mona Colombia est guidée par une évolution spirituelle et sensorielle. Son style : l’abstrait, le géométrique, mis en lumière par des couleurs pures et des formes arrondies.