Mathys Joneau, aller plus eau
Mathys Joneau fait partie avec Ethan Bohéas, Sénoucy Hadjeri et Cyril Quiroa, des quatre Nazairiens qualifiés pour les championnats de France handisport petit bassin (25 m) des 7 et 8 décembre à l’Aquaparc. Dans le bassin, 90 nageurs handisport au total dont cinq nageurs médaillés paralympiques 2024.
Mathys sera dans le grand bain et à domicile, les 7 et 8 décembre.
« Mathys est un crawler », déclare la présidente du club Handi’Nat Région nazairienne, Nicole Chevreuil. « Il a une excellente glisse en brasse. Une qualité qui s’explique notamment par des débuts jeune. » Mathys a un peu plus de six ans quand il se met à l’eau. Ses parents veulent simplement qu’il apprenne à nager. Puis ce sport commence à lui plaire franchement. En classe de 5e, il intègre le club nazairien en mode loisirs. « À l’entraînement, j’ai remarqué qu’il avait de bonnes capacités », se souvient Nicole. Un an plus tard, elle lui propose de devenir compétiteur. Elle a du flair. En mars 2023, à ses 1ers championnats de France brasse, il réussit à se qualifier pour la finale et à terminer 7e. Pas si simple, car en compétition de natation handisport, la classification se fait en prenant en compte le type de nage ainsi que le potentiel physique ou psychologique du nageur.
Un caractère bien trempé
Sa recette pour devenir champion ? « Savoir se faire mal. Si à la fin de l’entraînement on n’a pas mal, ça veut dire qu’on n’a pas assez travaillé. Cela s’appelle le dépassement de soi. Il faut surmonter les crampes et les douleurs », assure le jeune homme de 17 ans qui s’entraîne 5h30 par semaine. Si l’exploit sportif nécessite selon lui de souffrir, la natation lui permet de se « déconnecter de la réalité. Comme je suis sourd, je n’entends plus rien autour de moi dès que j’ai enlevé mes appareils. Je suis dans ma propre bulle. L’eau me demande beaucoup de concentration. Mais plus on est concentré, plus on est fixé sur son objectif. Quand je nage, j’oublie tout. Comme si mes problèmes étaient lavés… Chez moi, cette discipline fait un peu l’effet d’une tâche ménagère », sourit-il. Le rêve ultime de celui dont le patronyme sonne quasiment comme un aptonyme ? Participer au Deaflympics (ou Jeux olympiques des sourds) et être repéré par l’équipe de France. En attendant, il a déjà été remarqué par l’OMS* puisqu’il recevra le trophée des sports des moins de 18 ans le 6 décembre, en présence du gratin des bassins. Hors des bassins cette fois, le lycéen en bac pro aéronautique à Blancho aspire « à un CDI à 18 ans en tant que monteur-câbleur chez Airbus » où il est aujourd’hui apprenti. Une voie qui « demande beaucoup d’attention » et, comme son sport de prédilection, de ne pas se la couler douce…