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Cinéma # Cinéville

[zoom] Un ours dans le jura

(France 2025) comédie de Franck Dubosc avec Laure Calamy, Franck Dubosc, Benoît Poelvoorde.
1h52.

Note de la rédaction :

Attention bolide ! Alors, attachez bien vos ceintures. Un ours dans le Jura – même si les protagonistes répètent comme un mantra qu’il « n’y a PAS d’ours dans le Jura » – démarre sur les chapeaux de roue. À 100 à l’heure même. Avec une cascade de boulettes et de sang qui s’enchaîne dès les premières minutes. Cette farce policière de Franck Dubosc a le goût assumé du cinéma des frères Coen dans la manière de « confronter des gens ordinaires à l’extraordinaire », des accents du western rural de La Roy avec ses bévues burlesques et du Polar Park par son côté french touch en plein massif jurassien. Dans son 3e long métrage, « inspiré d’une histoire fausse », l’acteur passé derrière la caméra sort des sentiers battus et excelle dans un genre auquel il ne s’était encore jamais frotté : le thriller. 

Un matin d’hiver, à l’approche des fêtes de fin d’année, Michel (Franck Dubosc) fait une sortie de route pour éviter un ours. Dans sa course folle, il percute une voiture et tue, coup sur coup, une femme, puis l’homme qui l’accompagne. Deux morts mais deux millions dans le coffre ! Un beau magot de Noël ? Dans cette comédie grinçante, menée à un rythme effréné, Benoît Poelvoorde (Roland) et Laure Calamy (Cathy) sont sobres, inspirés, comme le réalisateur qui parvient à manier habilement suspens et rebondissements jusqu’aux derniers instants. Les répliques fusent. Certaines sont complètement absurdes. D’autres deviendront sans doute cultes. Et on rit. Beaucoup. « On avait dit tout seul », glisse le major Roland, beaucoup plus finaud qu’il n’y paraît, qui cherche à convoquer discrètement Michel. « Mais tout seul, c’est tous les deux », réplique Michel. Car l’histoire est aussi celle de ce couple qu’il forme avec l’énergique Cathy, drôlement fan de polars. Un couple simple qui s’est perdu, usé par le temps et les difficultés financières. Une histoire de famille aussi soudée autour d’un petit Dominique dit Doudou, un enfant subtilement différent. Entre rire et effroi, ce film macabre et irréaliste est saupoudré d’une bonne dose d’humanité à la naïveté joyeuse, incarnée par l’excellente Joséphine de Meaux, quand sont évoqués les réfugiés. Dans cette comédie enneigée, il est en effet aussi question d’entourloupes, de drogue, de trafics (in)humains… Il en résulte un suspens à toute épreuve, des gags à gogo sans en faire trop, du gore… : jouissif. C’est encore le caractère immoral de cette comédie noire à l’humour à froid, voire glacé comme les paysages du Jura, qui séduit. Au travers de cette aventure rocambolesque, Dubosc a d’ailleurs le chic pour déceler des décors majestueux. Une très belle surprise de début d’année.