Un p’tit café… philo dans la cité… portuaire ?
Avec l’association Les Escales Philosophiques, ce n’est pas dans la caverne (de Platon) qu’on philosophe, mais bien dans les cafés, et pas seulement !

Nathalie Hacques Dias et Sylvie Bourdillon au café de la Maison de quartier de Méan-Penhoët.
Elles sont infographiste, prof de musique, diplômée d’un master de philosophie ou de sociologie, bibliothécaire convertie, comme Nathalie Hacques Dias qui a fait ce choix, assurément pas cornélien, de vivre à 100 % de la « pratique philosophique », ou encore ex-prof de philo… Preuve qu’« on peut quitter l’Éducation nationale, mais jamais la philosophie ! », dixit Sylvie Bourdillon, 34 ans passés à enseigner Platon, Épicure, Nietzsche et les autres avant de rejoindre, en 2023, dans la foulée de son départ d’Aristide-Briand, la bande des Escales Philosophiques… Pour « faire autrement de la philosophie ». Un peu, beaucoup, passionnément à la manière d’un Michel Tozzi qui, dans les années 90, a développé en France le concept des cafés philos*, une nouvelle pratique – bien qu’ancrée dans la tradition des salons littéraires au siècle des Lumières – qui s’inscrit dans ce dispositif pédagogique qu’est la Discussion à visées démocratique et philosophique (DVDP). En d’autres termes, que la philosophie, « cette opportunité de penser, de développer son esprit critique, sa capacité à argumenter, à discerner le vrai du faux, ne soit pas réservée à une élite. Qu’elle s’adresse à tous, à tous les citoyens », avec ce droit à disposer d’un lieu d’expression (démocratique) et de réflexion (philosophique).
L’art de susciter, de s’étonner
S’ouvrir à tous, et qu’importe la posture socio-professionnelle ou l’âge… L’essentiel, c’est « ce pétillement qu’on lit dans les yeux. Et on peut vous dire qu’il y en a, du pétillement », assure de concert le duo qui fait partie des six animatrices philosophiques de l’association, créée en 2020, par Mathilde et Pascale. Toutes piquées à la philo, et bien déterminées à démocratiser « cet art de vivre ensemble », comme l’a ainsi défini en 2016 l’Unesco. Un art de vie tout court aussi, un art de penser, d’éveiller les esprits, de s’étonner… Et quand c’est « dans la joie », que rêver de mieux ? En tout cas, c’est comme ça que ça se passe avec les cafés philos des Escales Philosophiques – :
« On n’est pas là pour délivrer un savoir, mais pour écouter, susciter et retrouver une âme d’enfant. Qu’on soit capable de quitter son armure d’adulte du “moi sachant” pour se (re)questionner, s’ouvrir aux idées et aux autres. Pour donner sens et valeurs à nos existences et porter une vraie réflexion sur la société ».
Ainsi, à 10h, chaque 2e mercredi, rendez-vous est donné à la Maison de quartier de la Chesnaie, et le 3e, à celle de Méan-Penhoët pour discuter, avec tolérance et respect, de divers sujets comme ceux à venir… Est-ce que le savoir-vivre peut se perdre ? Faut-il avoir du talent pour créer ? Peut-on se faire justice soi-même ? C’est quoi être un homme, une femme, en 2025 ?
Une maison de la philosophie ?
Avec Les Escales Philosophiques, la philosophie ne s’invite pas seulement dans les cafés des Maisons de quartier. Des cycles d’ateliers sont organisés dans des écoles primaires, collèges (25 classes) et lycées professionnels nazairiens. Une passion collégiale « qui demande beaucoup d’énergie, de travail et de temps », ce qui n’empêche pas les “escaliennes” d’avoir des projets à foison… Développer les cafés philos en soirée, poursuivre les cinés débats au Tati, proposer des ateliers philos dans les médiathèques et autres structures intéressées (le message est envoyé), instaurer des randos philos… Et faire appel aux bénévoles (réunion le 25 février)** pour les soutenir dans cette aventure pleine de philos (qui aime), et de sophia (sagesse). Une belle et joyeuse aventure qui pourrait, qui sait, se concrétiser par la création d’une Maison de la philo dans la cité… portuaire, « notre rêve ultime ».