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Associations # Saint-Nazaire

Le 24 contre les violences faites aux femmes

Après Nantes, Solidarité Femmes Loire-Atlantique s’installe à Saint-Nazaire. Ouvert depuis le 1er septembre, le lieu d’accueil des femmes victimes de violences porté et financé par la Ville ouvre ses portes au grand public les 2 et 3 octobre. Rencontre avec Catherine Vignaud, directrice de l’association.

« Nous ne sommes pas des sauveuses, dixit l’équipe du 24. Mais des professionnelles qui nous formons, nous documentons tous les jours pour accompagner ces femmes comme il se doit ».

Estuaire : Le 24, un lieu d’accueil et de ressources 100 % féminin. Pourquoi ce choix ?
Catherine Vignaud : « Effectivement, ici, on travaille en non-mixité. Nous sommes sept (une directrice, une assistante de direction, quatre travailleuses sociales et une animatrice jeunesse). Un choix assumé. Et pourquoi ce choix ? Très simple… D’un, il y a beaucoup de femmes pour qui être accompagnées par un homme s’avère problématique. Et deux, cela s’inscrit dans les racines mêmes de Solidarité Femmes Loire-Atlantique qui a été créée en 1978 par un mouvement associatif féministe. C’est l’histoire de femmes qui protègent d’autres femmes.  

À qui s’adresse-t-il ?
Le 24 est ouvert à toutes les femmes victimes de violences, que ce soit de violences conjugales, de cyberviolences, de violences au travail, de violences du type traite des êtres humains (prostitution forcée, mariage forcé…). 

« Grâce à la Fédération nationale Solidarité Femmes qui porte le 3919, on aura la possibilité́, sur des séjours très courts, de proposer des hébergements hôteliers d’urgence. » 

Qui sont ces femmes ?
Le cliché serait de dire que les femmes concernées seraient des femmes sans ressources arrivées illégalement sur le sol français. Mais ce n’est pas vrai. On a des femmes avec des catégories socioprofessionnelles plus élevées. La domination masculine n’est pas un problème de catégories socioprofessionnelles ni de générations, c’est un problème d’état d’esprit. De plus en plus, on voit venir des très jeunes, et des beaucoup moins jeunes. Là, un exemple parmi tant d’autres, ce matin, sur l’écoute de Nantes, une femme de 93 ans et 70 ans de violences, nous a appelées. À savoir qu’à Nantes, l’accompagnement se fait uniquement sur les violences conjugales. Et pour vous donner une idée, par an, ce sont près de 2 000 appels et 3 500 passages, soit 1 200 femmes différentes et 800 enfants. 

« On va ouvrir une salle de soins, et mobiliser les réseaux de santé et de soins. On regarde comment on va pouvoir travailler avec le centre hospitalier et informer les médecins généralistes. On va être en lien avec le réseau justice-police,
organiser des groupes de parole collectifs !
 » 

Le 24, un espace qui rassure autant les enfants…
Comme à Nantes, on a un bureau des enfants. On les écoute, les rassure, travaille sur leurs émotions – beaucoup se disent en colère, qu’ils ont peur –, on les observe, met en place des actions spécifiques. On a également une grande salle de jeux. Ils peuvent y jouer, écrire, lire, dessiner, trouver le réconfort d’un doudou ; le leur alors resté à la maison dans la précipitation du départ, ça arrive souvent. La salle de jeux jouxte la salle informatique où les mamans peuvent y faire des recherches, et par une vitre qui les sépare, garder un œil sur eux, et eux sur elles. Ce qui rassure tout le monde.  

… Que les mères
C’est un lieu spacieux, lumineux, sécurisant avec, sur ces deux étages, plusieurs espaces cocooning propices à libérer la parole. Ici, on n’est pas derrière les ordinateurs, mais dans un rapport humain. On est là pour accueillir ces femmes dénigrées, insultées, violentées, contraintes. On est là pour les écouter, les rassurer, les orienter, trouver avec elles une solution, les aider à récupérer leurs droits, à faire des demandes de logement social, à rétablir des vérités, sans rien leur imposer. On respecte leur rythme. S’il faut qu’elles viennent dix fois avant qu’on arrive à trouver une orientation qui va fonctionner, elles viendront dix fois. On prendra le temps qu’il faudra pour les aider à se reconstruire, et les accompagner dans leur choix. Et qu’importe leur décision, bonne ou pas, ce sont elles qui ont le dernier mot. Mais qu’elles sachent qu’ici, la porte ne leur sera jamais fermée. »