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Chroniques # Saint-Malo-de-Guersac

Quand la Brière lui fait de l’œil !

La Brière, Mathias Monsion l’a dans la peau depuis son enfance. Il y est né, y a grandi, la fait découvrir chaque été, et la photographie comme jamais. Avec ce regard unique forgé dans les marais…

Quand il n’a pas les pieds dans l’eau, le jeune photographe originaire de Saint-Malo-de-Guersac a dans ses mains son carnet
et un bon livre de Sylvain Tesson !

Qu’il soit 48h non-stop emmitouflé dans son sac de couchage, seul en plein milieu d’une Écosse automnale sauvagement flamboyante, le viseur à portée d’œil, à attendre de shooter le cerf, ou dans les marais de Brière, camouflé sous un tas de roseaux, le visage grimé de boue dans l’espoir de tirer le portrait d’un héron bihoreau (son chouchou, en couverture du livre*), l’émotion est la même, « incommensurable ». Et les mots en petit nombre, quand Mathias Monsion a à décrire ce qu’il ressent à l’instant où il sait qu’il a LA photo : « C’est le Graal. » Trois petits mots mais d’une force égale à tous ces regards qu’il saisit avec passion, un peu partout en France, en Europe aussi, et beaucoup en Brière, sa terre natale…  

Le gamin de Brière 

« Le regard, c’est la puissance animale à l’état pur », et ça tombe bien car de ce regard, le jeune Malouin de 23 ans en a fait le fil conducteur de son premier ouvrage photographique, à hauteur
d’enfant, de celle d’un enfant du marais. Près de 120 photos, toutes prises entre ses 14 et 20 ans. Trois ans de travail, qu’il a réalisé de A à Z, de la mise en page aux croquis, des photos (évidemment) à la plume… Son récit de vie en culotte courte, ses souvenirs, sa vision d’alors, ses anecdotes quand il courait dans les champs, allait pêcher et…, s’amusait à photographier un renard en train d’attaquer un ragondin !  Celle-ci, il adore la raconter : «
J’avais 8 ans, ma mère ne me croyait pas. Elle m’a prêté son appareil, j’y suis retourné pour lui prouver, et depuis, je n’ai jamais cessé de faire des photos. » 

Une déclaration d’amour à la Brière 

Aujourd’hui, Mathias est le seul photographe professionnel animalier sur le marais de Brière. « Plus qu’une balade immersive au gré des saisons, plus qu’une invitation à découvrir sa lumière, ses espèces, ses paysages, sa beauté, son romantisme… », son livre est une véritable déclaration d’amour à la Brière. « Cet objet, c’est l’inscrire dans les écrits, c’est pouvoir la toucher, la ressentir… C’est parler d’elle pour ne pas l’oublier, pour l’entretenir, la protéger. Et il y a urgence », alerte-t-il, en plus d’agir. Et l’amoureux de la nature sur tous les fronts (conférences, interventions dans les écoles) d’ajouter : « Si personne n’en parle, se mobilise alors que nous  y habitons, qui le fera pour nous ? Il est essentiel de sensibiliser à la protection de cet écosystème à l’incroyable biodiversité. » 

Et la suite ? 

La Brière, un territoire qui lui a révélé tous ses secrets ? « Elle en est loin ! C’est un terrain de jeux illimité en perpétuel mouvement. Des espèces partent, disparaissent, d’autres s’y posent furtivement, reviendront forcément, comme la talève sultane, une poule d’eau toute bleue. » Et un peu comme lui qui l’a quittée, sa Brière tant aimée, pour l’Écosse avant d’y revenir, définitivement cet été… Là-bas, au pays du Loch Ness, il y a passé un master de biologie marine, y a vécu quelques années, et y travaille encore comme guide nature, le Nikon en bandoulière et la tente sur le dos, qu’il troque tous les étés depuis ses 16 ans contre un chaland, pour le plus grand bonheur des amoureux de l’un des plus grands marais de France.
Mais là, direction les montagnes, entre Pyrénées et Savoie. Deux mois sur les routes, 800 km dans les jambes et un objectif en vue : photographier l’ours, le lynx et le loup. D’autres projets ? Partir en Norvège l’an prochain, et publier son deuxième ouvrage photographique d’ici à deux ans. Pour offrir un autre regard…