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Portraits # Saint-Nazaire

Le Léo’nard de Vinci du jeu à la cour de Versailles !

À 36 ans, Léo Blandin, éditeur et créateur de jeux de société est un « inventeur fou » à la Vinci qui ne manque pas d’atouts, surtout quand il est question de jouer stratégie avec l’Histoire.

Tant qu’à se singulariser, autant sortir le grand jeu ! Veste en velours dentelée et chemise blanche à jabot feront l’affaire… pour la photo ! ; la perruque, ce sera pour les grandes occasions : festivals, une dizaine chaque année, et “bals”, pour la figure de style, à La cour de Versailles ! La toute dernière création de Léo Blandin. Et si la moustache qu’il arbore, avec son indissociable chapeau melon à portée de main, a comme un air d’anachronisme, c’est pour servir la promotion d’Expo1889, l’un des jeux qu’il édite, et qui ne devrait pas tarder à faire son entrée sur le marché. « Il sera dans les rayons après Noël », confirme le jeune trentenaire, en attente de l’arrivée du bateau de livraison. Un jeu qui lui tient à cœur. Et pour cause, il s’agit là d’une réédition revisitée de Roll through the ages, de Matt Leacock qui avait fait un carton à sa sortie en 2011. Et mieux, il s’agit tout bonnement de sa madeleine de Proust ! « Il a fait partie de mes tous premiers jeux », raconte Léo, tombé dedans sur le tard. « On jouait les classiques en famille, mais peu souvent, à vrai dire. »  

Testé par le boxeur David Papot 

Très vite, les cartes à collectionner lui font de l’œil, et Léo devenu un « gros joueur de Magic » a enchaîné les tournois et championnats de France, deux à son actif, tout en travaillant à côté comme graphiste. Jusqu’au jour où il décide avec son frère et des potes d’ouvrir un café associatif à Saint-Nazaire, L’assos tomate, ludique, social et culturel. Pour financer le projet, il crée un jeu, son premier, Dans les cordes, sorti en 2019, testé et approuvé, s’il vous plaît, par le triple champion de France, le double champion du monde et boxeur nazairien David Papot. Le projet ne voit pas le jour, mais Léo trouve sa voie, monte sa petite entreprise, Chèvre Édition, et pour joindre les deux bouts devient commercial dans le jeu de société à Paris. « En France, ils sont entre 10 et 20 créateurs à en vivre vraiment, sur la centaine que nous sommes. C’est un métier-passion chronophage…, que je ne conseille pas », lâche sans concession Léo, la passion bien trop chevillée au corps pour s’avouer vaincu. 

Des projets plein la malle 

Ainsi, depuis un an (qui marque son retour dans la cité portuaire), porté en toute connaissance de cause par le désir de « tenter l’aventure », il se consacre pleinement à ce qui l’anime au plus profond : l’édition et la création de jeux de société. Un jeu qui en vaut la chandelle, c’est certain. Car ce « Léonard de Vinci du jeu », comme le décrit sa compagne, ne manque pas d’atouts. Ni d’idées. Il en a d’ailleurs plusieurs sur le feu, qu’il mène à la fois, tel un « inventeur fou » qui se respecte. Insatiable, infatigable, exigeant, « à faire des expériences, à tester les prototypes, à en parler tout le temps, à questionner tout le monde…, jusqu’à ce que le projet soit sorti ! » Parmi ceux en cours : Dynasty, un jeu de cartes à collectionner sur les rois et reines de France, déclinable à l’infini, et Inspirantes, jeu également de cartes sur les femmes qui ont marqué l’Histoire, de l’Antiquité à aujourd’hui : « Huit ans que je suis dessus, en dilettante, et bien que le milieu tende à se féminiser, le plus gros défi a été de trouver une coautrice. » Sans compter celui tenu secret, qui risque de faire grand bruit le jour du lancement, et les commandes pour des associations…  

Dans la cour de Louis XIV 

Léo, fan d’histoire – comme vous l’aurez compris –, ne lâche rien, et espère voir un jour passer la “locomotive”. La pépite d’or que tous les créateurs recherchent, le best-seller qui se vend ad libitumLa cour de Versailles pourrait être cette locomotive. Déjà vendu à 6 000 exemplaires, ce jeu de stratégie historique, disponible partout, et aussi au château de Versailles, a de quoi séduire… Dans la petite boîte, 60 cartes illustrées de peintures d’époque pour 60 personnages (70 avec le booster), allant des nobles aux érudits, des favorites au clergé, des militaires aux empoisonneurs… Et un closer, plus qu’un livre d’histoire qui fourmille d’anecdotes croustillantes et rigolotes sur ces figures qui ont gravité, entre « manœuvres, alliances et intrigues », autour de Louis XIV, l’une des cartes maîtresses de Léo. À vous de jouer !