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[zoom] Le grand bain

(France 2018) comédie dramatique de Gilles Lellouche avec Mathieu Amalric, Guillaume Canet, Benoît Poelvoorde.
Durée : 2h02.

Note de la rédaction :

Bertrand, Laurent, Simon, Thierry, Marcus, John… seuls ou en couples qui prennent l’eau, aux boulots ou aux entreprises qui coulent. Plus tout jeunes, pas encore vieux. Mais déjà en dehors des lignes. Un seul point commun : ils boivent la tasse. Et se retrouvent sans trop savoir pourquoi, par hasard, désespoir ou désœuvrement, réunis dans un projet commun : créer une équipe de natation synchronisée masculine sous la direction d’une ancienne championne déclassée.

Il y a un peu de The Full Monty dans Le grand bain… Des hommes exclus d’avenir qui se découvrent capables de faire quelque chose d’extraordinaire ensemble et que, enfin, on regarde avec admiration. Mais ici, pas grand-chose à sauver, pas d’usine qui va fermer, pas de culture du collectif. Gilles Lellouche nous fait basculer dans le nouveau monde, celui de l’individualisme, de l’homme kleenex. Le choix de sa bande de potes célèbres pour interpréter ces dépressifs au moment du bilan, de Mathieu Amalric à Guillaume Canet en passant par Philippe Katerine, Benoît Poelvoorde et Jean-Hugues Anglade, n’est pas pour rien dans la réussite de cette comédie amère. Leurs formidables numéros d’acteurs accentuent la fragilité de la notion de réussite, qu’elle soit sociale, amoureuse ou familiale.

Drôle, cinglé, Le grand bain crée une mosaïque colorée à partir de tesselles de portraits de déglingués. Un seul bémol : un film trop long, au rythme qui manque de tenue, et qui, parfois, nous laisse au bord du bassin. Avant de nous relancer dans la danse, heureusement. Mireille Peña

« Tu nages pas tu coules, t’en es conscient j’espère ? » La vie de Bertrand (Mathieu Amalric) lui échappe petit à petit. Tout comme celle de Laurent (Guillaume Canet) et Marcus (Benoît Poelvoorde). A la quarantaine, ils sont confrontés à la dépression, au divorce ou à la faillite financière. Ces personnages avancent dans la vie avec leurs failles et leur fardeau qu’ils camouflent ou refoulent. Il n’y a qu’un seul endroit où ils arrivent à partager leurs faiblesses : le grand bain. Dans cette piscine municipale, les huit nageurs amateurs, entraînés par Delphine (Virginie Efira), ancienne championne de natation synchronisée, avancent pour atteindre un même objectif : se sortir la tête de l’eau.

Avec Le Grand bain, Gilles Lellouche arrive à nous emmener dans cette fable poétique. Malgré des personnages aux traits caricaturaux (on pense notamment à Amanda, jouée par Leïla Bekhti, une sportive en fauteuil roulant autoritaire et tortionnaire à l’extrême), la réalisation et le jeu des acteurs en extraient toute l’émotion et la tendresse. On soulignera la justesse d’un Philippe Katerine épatant en homme-enfant et d’un Jean-Hugues Anglade attachant en chanteur désenchanté. Estelle Bescond

https://www.youtube.com/watch?v=X_jESswBgEE