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Cinéma # Salle Jacques-Tati

[zoom] Bruno Reidal, confession d’un meurtrier

(France 2021) drame historique de Vincent Le Port avec Dimitri Doré, Jean-Luc Vincent, Roman Villedieu.
Durée : 1h41.
Interdit aux moins de 16 ans.

Note de la rédaction :

Le 1er septembre 1905, dans une forêt du Cantal, près du village de Raulhac, Bruno Reidal, un jeune paysan sans histoire de 17 ans, assassine un garçon de 12 ans et le décapite à l’aide d’un couteau. Dans la foulée, il se constitue prisonnier auprès des autorités. Emprisonné, il comparaît devant l’éminent professeur Lacassagne et ses confrères médecins qui l’interrogent sur son passé. Pour comprendre son geste, ils lui demandent de relater sa vie depuis son enfance jusqu’au jour du crime. Le film entrelace alors les entretiens en prison entre Bruno et Lacassagne avec la mise en images du récit de son existence… 

Bruno Reidal, interprété magistralement par Dimitri Doré, tente de lutter contre ses pulsions meurtrières, de la jouissance qu’il peut ressentir. « Quoi que je fasse, les scènes de meurtres sont pour moi pleines de charme ». 

Maltraité par sa famille, violé à l’âge de 10 ans par un berger de passage, obsédé maladif par la masturbation, Bruno Reidal malgré son physique chétif est un élève brillant au séminaire. Jaloux des autres qu’il souhaite intensément humilier. Pour autant, le film élude toute explication trop rationnelle, qu’elle soit sociale ou psychologique et privilégie via le récit froid du meurtrier la lutte contre ce qu’il est et le tragique de son destin inéluctable. « À quoi bon lutter contre le destin ? Tu dois être assassin, ce qui doit arriver arrivera. Réjouis-toi » 

Pour son premier long métrage, Vincent Le Port ressort des oubliettes ce faits divers qui avait défrayé la chronique à l’époque. Sous l’apparence d’une grande simplicité et d’un certain minimalisme, porté par une photographie minérale, le réalisateur, qui a fait ses armes dans le court-métrage, s’éloigne du voyeurisme et nous fait balancer dans des sentiments opposés entre répulsion et fascination face à ce sadisme sanglant et à cette perversité.  

On ne plonge pas dans la tête de Bruno Reidal. Nous sommes à côté de lui. Nous entendons ces tourments. Pouvons-nous les comprendre ? De ce film ressort donc un malaise avec cette question qui peut nous hanter :  jusqu’où notre empathie peut-elle aller ?