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Cinéma # Salle Jacques-Tati

[zoom] Viens je t’emmène

(France 2022) comédie d'Alain Guiraudie avec Jean-Charles Clichet, Noémie Lvovsky, Iliès Kadri.
Durée : 1h40
Avertissement.

Note de la rédaction :

C’est un film qui se passe à Clermont-Ferrand, capitale du Puy-de-Dôme. Un département de volcans éteints, de granit celte où les petites cités comme Ambert, chère à l’écrivain Alexandre Vialatte, comptaient jadis des druides comme employés municipaux.  Clermont-Ferrand est intimement lié à « Ma nuit chez Maud » d’Eric Rohmer, sorti en 1969. Un film de « boomers » pour ceux et celles nées après 1990, un chef d’œuvre tissé de délire platonique et intellectuel pour les autres. Dans « Viens, je t’emmène », on parle très peu de Blaise Pascal. Au contraire de chez Rohmer, chez Alain Guiraudie (le réalisateur), on baise beaucoup. Médéric, le héros du film, incarné par Jean-Charles Clichet, savoureux, essaie de conclure avec son coup de cœur, Isadora, une prostituée de 50 ans mariée à un imbécile violent (Noémie Lvovsky, géniale comme d’habitude mais souvent à poil). 

De Maud à Isadora 

 En même temps, Médéric s’attache à un jeune sans domicile fixe, alors que la ville subit un attentat islamiste. La statue de Vercingétorix, curiosité clermontoise, reçoit les bouquets en mémoire des victimes de l’attentat, la place de Jaude est en émoi mais la cathédrale est toujours debout. L’immeuble de Médéric aussi, avec ses voisins attachants, humains et complémentaires qui réinventent la solidarité en causant. Au fil du film, l’immeuble est confronté à diverses violences, il s’y tient des discussions sociales qui vous rappelleront les plus belles heures de l’éduc’ pop. Impossible pour moi de vous résumer l’histoire dans ses détails, de peur d’être taxée par les bien-pensants coincés et hypocrites de folle furieuse. 

Vercingétorix et dealers 

 C’est bien interprété, porteur d’un message social et désabusé. Le film de Guiraudie réunit toutes les angoisses d’aujourd’hui. Les spectateurs du Jacques-Tati ne se sont pas trompés en garnissant la salle pour l’avant-première en présence de l’auteur. « Viens, je t’emmène » a été l’un des premiers films français à reprendre son tournage pendant la crise sanitaire. Un défaut cependant, qui peut lui porter préjudice dans les semaines qui viennent : on y parle très peu de Vladimir P. « C’est ainsi qu’Allah est grand », comme dirait Alexandre, qui préférait Ambert à Clermont-Ferrand.