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Cinéma # Salle Jacques-Tati

Cycle ukrainien au Tati

Le cinéma Jacques Tati en solidarité avec l’Ukraine propose de découvrir ce cinéma méconnu, du 10 avril au 10 mai.

Le cinéma est une arme et est l’objet ou la victime des crises géopolitiques actuelles. Le 27 mars dernier 150 militants à l’appel de l’association Tryzub manifestent devant le cinéma nantais Katorza contre le festival Univerciné russe, renommé “Entre Lviv et l’Oural”. Les manifestants y dénonçaient la « propagande de l’impérialisme russe ». Malheureusement, en temps de guerre, seule la radicalité se fait entendre. Le cinéma russe en paiera donc le prix. Banni des salles occidentales alors qu’il est aussi un des derniers refuges de la contestation en Russie poutinienne.  

De par cet exemple, le cinéma Jacques Tati a choisi, au contraire, de faire connaître le cinéma ukrainien. Comme un outil de compréhension de ce qui est en train de se jouer au frontière de l’Europe. Le cinéma ukrainien est passé injustement inaperçu. Il est considéré comme un cinéma original, attaché à la terre et à l’histoire ukrainienne. « Certains de ces films comme Frost de Sharunas Bartas, ou Donbass, de Serguei Loznitsa, ont déjà été programmés mais sont malheureusement passés inaperçus à leur sortie au moment de la guerre au Donbass ou de l’annexion de la Crimée, explique Simon Lehingue programmateur du cinéma Jacques Tati ». 

Les longs adieux, de Kira Mouratova, à l’affiche les 10 et 25 avril. 

 

Ces films relatent en effet cette histoire contemporaine de l’Ukraine : Euromaidan en 2014, la crise du Dombass et l’annexion de la Crimée.  Ces films marquent le renouveau de ce cinéma qui a failli disparaître dans les années 90, avec l’indépendance du pays, un cinéma qui se veut être un outil à la reconstruction d’une identité. 

En parallèle à ces films contemporains, le Tati programme également deux grands chefs d’œuvres de l’ère soviétique. Les chevaux de feu de Sergueï Paradjanov sera censuré, les instances qualifient le film « d’expression du nationalisme ukrainien ». Les Longs adieux, de Kira Mouratova, d’abord autorisé à la diffusion, sera retiré des écrans au dernier moment, à la suite d’une projection désastreuse dans un club ouvrier. Jugé trop a-soviétique, pas assez optimiste ou didactique, le film devient dès lors ce que l’on appelle un « film de l’étagère » . 

Avec ces films, c’est une plongée indirecte dans la guerre actuelle. Entre fiction et réalités, ils nous donnent des clés de compréhension. 

PROGRAMME
Les Chevaux de feu de Sergueï Paradjanov (URSS 1964)
Les longs adieux de Kira Mouratova (URSS 1971)
Donbass de Serguei Loznitsa (Ukraine 2018)
Frost de Sharunas Bartas (Lituanie, Ukraine 2018)
Atlantis de Valentyn Vasyanovych (Ukraine, 2019)
La terre est bleue comme une orange d’Iryna Tsylik (Ukraine, 2020)
Olga d’Élie Grappe (Suisse, Ukraine, 2021)