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Cinéma # Salle Jacques-Tati

[zoom] Mon île, chronique de l’Ouest et Face Work

Que reste-t-il de la mixité sociale dans une société cloisonnée à laquelle il existe peu de communication entre les différents milieux sociaux ? Peu de chose, laissant place aux préjugés. Mon île, chroniques de l'Ouest, explore ces clichés à travers les différents quartiers Nord de Saint-Nazaire comme Prézégat, le Petit Caporal, la Berthauderie, lesquels parfois suscitent méfiance au mieux indifférence.

Projet de création de théâtre musical à l’origine, il s’est mué en un film en raison de la crise sanitaire. Richard Dubleski, metteur en scène, réalisateur et compositeur s’est appuyé du texte de Sandrine Roche, qui a été en résidence au collège Jean-Moulin. « Tous ces quartiers sont des îles. Un archipel d’îles où les habitants et les jeunes ne se croisent pas. La seule île où ils se croisent, c’est au collège Jean-Moulin », explique-t-il.  

Le film se compose d’une succession de scènes qui, à partir de situations quotidiennes, racontent les rapports entre les gens. « Entre ceux des blocs et des pavillons, entre professeurs et collégiens, entre élèves de différents quartiers… » Tous les acteurs sont des habitants et des élèves de ces îles cloisonnées.  Le pari du film était donc de raconter une mixité sociale qui se fait trop rarement. Et dont ce projet lui-même a été l’objet de cette expérience. Car le tournage a été suivi de près par Christian Lallier et Mélodie Drissia Tabita, qui dirigent « Le laboratoire d’anthropologie filmée », lesquels en ont tiré un documentaire Face Work. Un making of en immersion sociologique qui s’épanche autour de cette question : comment habite-t-on un lieu  et comment on y fabrique du culturel. Les deux chercheurs s’appuient sur les études du sociologue canadien Goffman qui envisage la vie sociale comme une « scène de théâtre » où chacun est en représentation en fonction de son statut social, de son genre, de son lieu… et portent un masque comme ferait tout comédien dans une commedia dell’arte

Entre ces deux films, c’est bien la dimension du vivre ensemble et de ses représentations qui est questionnés. Et parmi les conséquences positifs de ce projet : une mixité retrouvée entre ces jeunes issus de classes sociales et culturelles différentes. L’aventure continue avec des projets pleins la tête.