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Rendez-vous # Saint-Nazaire

Les migrants, changer son regard

Une trentaine d'associations se mobilisent pour organiser les Assises locales de solidarité avec les migrants.

C’est une initiative inédite. Une trentaine d’associations, de collectifs, de syndicats et de mouvements politiques ont décidé de se coordonner pour organiser les premières Assises locales de la solidarité avec les migrants samedi 19 mars à l’Avéole 12 à Saint-Nazaire. L’objectif : « démontrer que la solidarité est la plus forte. Nous voulons faire changer le regard sur les migrants auprès de la population locale, faire changer les représentations et peser sur les décisions politiques », souligne Marie-Elisabeth Allaire, du collectif Ucij, Uni.e.s contre une immigration jetable. Ces moments de rencontres et d’échanges sont « ouverts à tout le monde », tient-elle à préciser. 

Depuis 2015, avec l’afflux de migrants syriens fuyant la guerre, « nous constatons un repli sur soi, un durcissement des lois et une limitation des libertés de circulations inédites en Europe », dénonce Philippe Dubacq, membre du syndicat FSU. Pour les organisateurs les migrants, qui sont « dans une situation dramatique » sont l’objet d’une « instrumentalisation » des discours politiques qui les présentent comme une menace pour nos sociétés. Le concept de « Grand remplacement » inventé par l’écrivain français d’extrême droite Renaud Camus a réussi à s’imposer dans le débat public et médiatique, repris par des partis dits de gouvernement comme Les Républicains, ce qui auparavant aurait été jugé impensable. 

« Ce n’est pas tant une crise des migrants mais bien celle de la politique d’accueil, dénonce le représentant syndical. Depuis 1990, Il y a un emballement législatif avec 21 lois adoptées. Résultat : on fabrique du clandestin ». 

Humanisme et antiracisme  

Chaque jour les associations qui sont au plus près de ces migrants constatent les drames et les situations ubuesques dans lesquelles ces personnes se retrouvent. Comme des mineurs isolés et étrangers dans les établissements scolaires se retrouvant à la rue le week-end car « les internats sont fermés ». Des familles sans-papiers expulsées de leur logement sans solution alternative. Ou encore le drame de l’incendie du bâtiment insalubre, rue de Pornichet qui a provoqué la mort d’un travailleur migrant. Si une partie de la réponse dépend de l’Etat, les organisateurs n’hésitent pas à pointer du doigt également le manque de volonté politique au niveau local. Alors que la question des réfugiés ukrainiens surgit et fait écho aux drames des années précédentes, pour ces organisations, les valeurs humanistes doivent dépasser les préjugés. « Il n’y a pas de concurrence dans la solidarité. Ce que nous voyons actuellement en Ukraine, c’est ce qui s’est passé en Syrie », rappelle Marie-Elisabeth Allaire. Une actualité qui pourrait faire évoluer les perceptions ? Pour ces associations, c’est à espérer. 

///// associations co-organisatrices et soutenantes ///// 

Accueil d’abord, Accueil fraternel Loire et Sillon, Amnesty International, Artisans du monde, Association solidarités créations, Attac, CCFD Terre solidaire, Le Collectif des Brévinois attentifs et solidaires, le collectif des hébergeurs solidaires nazairiens, le collectif Urgence sociale, CFDT, CGT, Collectif de soutien aux personnes sans-papiers, La Croix-Rouge française, Europe Ecologie les Verts, FSU, La France Insoumise, La Fraternité, La Ligue des Droits de l’Homme, la Maison de quartier Avalix, Le Mouvement contre le racisme et pour l’amitié des peuples (MRAP), Le Mouvement de la Paix, Organisation communiste libertaire (OCL), Parti communiste français, Le Planning familial 44, Secours catholique (Caritas), collectif Uni.e.s contre l’immigration jetable (UCIJ). 

///// en chiffres ///// 

En France, l’OFPRA n’accorde le statut de réfugié qu’à environ 20 % des demandeurs, soit largement en dessous de la moyenne européenne qui est de 38 %.
La population étrangère à Saint-Nazaire représente 5,9% de la population contre 7,1% au niveau national, selon les indicateurs Insee de 2018. 

///// programme ///// 

Mardi 15 mars, 20h – Cinéville
Film débat sur le 3e volet du documentaire sur l’immigration à Saint-Nazaire Les deux rives, mes deux rêves, les enfants de l’immigration par Badre Belhaja et Rafik Merniz.
Tarif : 5 €. 

Jeudi 17 mars, 20h – Salle Jacques-Tati
Film débat autour du docu-fiction Ailleurs Partout.
Tarif habituel du Tati. 

Samedi 19 mars, à partir de 9h30 – Alvéole 12 (base sous-marine)
Ateliers débats de 9h30 à 16h30. Atelier : hébergement-subsistance-mobilités, femmes migrantes, défense des droits, mineurs migrants, accès à la langue, santé, l’accès au travail des migrants.
Lectures de Philippe Hourriet, La lettre à mes élus, à 13h30.
Trois minutes de temps additionnel de Sylvain Levey par le Théâtre artisanal transgénique, à 18h.
Concert Tomba Mozika, (jazz-pop), à 19h.
Gratuit.