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Spectacles # Saint-Nazaire

Nos voisins mal aimés les manouches

Seconde édition du festival "Rangez les poules, les manouches déboulent" vendredi 11 mars à l'Alvéole 12 : une invitation au vivre-ensemble, sans préjugés.

Depuis des siècles, les gens du voyage ont toujours suscité peur et méfiance. Avec son titre un brin provocateur et plein d’autodérision, le festival « Rangez vos poules, les manouches déboulent » souhaite déconstruire les préjugés et établir des ponts entre nomades et sédentaires. « C’est un événement qui se veut à la fois festif et pédagogique. On veut présenter les stéréotypes et les stigmates que subissent les gens du voyage », explique Julien Sellenet, chargé de communication au Relais des gens du voyage, centre social basé à Saint-Nazaire, financé autant par le département que par l’Etat pour accompagner les gens du voyage.  

Le département de la Loire-Atlantique partage depuis des siècles une longue histoire avec les peuples du voyage. « La Loire-Atlantique par ses ports et ses activités agricoles saisonnières a toujours représenté un débouché économique pour eux. Ils trouvent du travail comme docker, dans le maraîchage… ». Mais cette longue histoire est également entachée d’indignité : lors de la seconde guerre mondiale, les populations du voyage ont été internées par les autorités françaises dans des camps dans le département (du côté de Châteaubriant et à Moisdon-la-Rivière), subissant privation et humiliation, avec pour résultat la mort pour de nombreux enfants et vieillards. Mais qui s’en souvient encore ? Ces discriminations ont continué jusqu’à récemment : « Le carnet de circulation a été supprimé seulement par une loi de janvier 2017 », tient à souligner Julien Sellenet.  

Faire la fête 

Ce festival est également l’occasion d’échanger sur la question de l’habitat et en premier lieu les aires d’accueil. « Il y a des progrès mais il reste encore beaucoup à faire », tient-il à souligner. L’ouverture à Pornichet d’une nouvelle aire d’accueil confortable est considérée comme un pas en avant. La Carene, de son côté, prévoit de rénover les plus anciennes. Mais l’association s’indigne toujours des collectivités qui restent dans l’illégalité en ne proposant aucune solution. Sur ce sujet, une projection de témoignages suivi d’un temps d’échange avec William Acker, juriste et auteur de l’ouvrage Où sont les gens du voyage qui a établi un inventaire critique des aires d’accueil.  

Au delà des sujets épineux, ces festival se revendique comme festif : concert jazz manouche avec le nantais Nicky Elfric et le retour de celui qu’on appelle Le Johnny Cash du 93, Johnny Montreuil. 

Laissez libre les poules, on s’assoit avec les manouches pour tout simplement faire la fête et connaissance.