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Livres # Saint-Nazaire

Clameurs de la farandole

Patrice Bulting livre un recueil de textes et de photos poétiques. De ses évasions, il nous fait revivre nos propres réalités.

La poésie ne se lit pas comme un roman, elle se picore, en fonction des émotions et des humeurs. Dans un bel ouvrage, relié à la chinoise, Patrice Bulting, l’ancien directeur des Escales, a couché ses « réalités » pour les « faire vibrer » et fonder un « voyage inattendu », écrit en préambule son éditeur Luc Vidal, patron de la maison d’édition nantaise Du petit véhicule.  

Se laisser emporter par un texte reflète la subjectivité du lecteur. Les récits poétiques de ces voyages comme à Buenos Aires ou encore à Ségou en Afrique résonnent à l’oreille et au cœur de tous ceux qui ont un jour pris leur baluchon, et face à leur solitude ont découvert d’autres mœurs, d’autres cultures musicales et surtout d’autres personnes. Comme cette femme Salomé, « regard noir lumineux fard à l’entour/dans le battement des percussions/ ses paupières défient le tempo/émoi ».  Patrice Bulting fait resurgir nos souvenirs les plus intimes, de ces nuits festives et populaires, propres à chaque pays. D’ailleurs les femmes sont au cœur de ses textes, « son respect d’amour pour les femmes, toutes les femmes », soutient Luc Vidal. 

Qui dit voyage, dit musique mais aussi fête, et surtout celle de la rencontre avec l’autre, avec ses différences. Il était donc naturel que l’auteur, comme un tout cohérent, évoque ses convictions contre le Fascisme ou cet hommage aux communards de 1871 sous le titre de Farandole : « les violons de l’histoire insufflent un vent d’histoire/hordes d’hommes à cordes »…  

« Je me suis rendu au mur des fusillés au cimetière du Père Lachaise. En prenant la photo, il y avait un bouquet d’œillets. Mais c’est au moment de choisir mes photos pour ce recueil que je me suis aperçu que sur l’une d’elles, on pouvait lire le sigle ACAB, inscrit furtivement ». Acronyme de l’anglais “All cops are bastards”, “Tous les flics sont des salauds”, il est devenu depuis le cri de ralliement des anarchistes. 

Clameurs de la farandole est une ode à l’autre, à l’inconnu et aussi à la mort. Car toute vie devrait être une fête jusqu’à la dernière ligne. La poésie de Patrice Bulting colore notre quotidien.