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Livres # Saint-Nazaire

Mes élèves sans visage

Francis Gouban, professeur de Lettres, raconte dans un livre-témoignage son parcours d'enseignant aveugle dans un lycée ordinaire, Aristide-Briand.

Francis Gouban se dit chanceux. « J’ai été un des premiers professeurs aveugles enseignant en milieu ordinaire ». Aujourd’hui à la retraite, le professeur de lettres raconte dans un livre-témoignage Mes élèves sans visage toutes ces années d’enseignement au lycée Aristide-Briand. « J’ai perdu la vue à l’âge de 6 ans à la suite d’une dégénérescence rétinienne ». Il a alors été envoyé dans un institut pour aveugles où il a appris le braille. « Les jeunes générations, de moins de 30 ans, ne l’apprennent quasiment plus. Le braille est ignoré au profit de nouvelles techniques audio ». Une situation qu’il regrette alors que selon lui, le braille l’a aidé à devenir enseignant. Ce livre raconte avant tout les difficultés et les obstacles qu’il a du surmonter pour évoluer dans un milieu ordinaire. « Le handicap vous enseigne l’humilité. Car vous êtes dans une situation de dépendance. Je dois ajouter qu’aujourdʼhui, il ne me serait plus possible dʼenseigner dans des conditions aussi favorables ». En effet, de nombreux enseignants aveugles ne disposent plus dʼun quota horaire dʼassistanat suffisant. Une hérésie selon lui. « Vous devez avoir confiance en votre assistant. Et sa présence doit être permanente ». 

Faire face aux préjugés 

Son handicap l’a aussi obligé à composer, à se battre contre une certaine hiérarchie, et parfois enjamber les humiliations. « A la différence des voyants, j’ai été enseignant stagiaire durant deux ans, au lieu d’une année ». Il raconte les difficultés à faire face aux préjugés des inspecteurs et comment il les a surpris par ses méthodes. S’il ne voit pas ses élèves, il les reconnait chacun au son de la voix. Il évoque aussi les préjugés des parents, les méthodes employées pour les rassurer sur ses capacités à enseigner. Francis Gouban ne s’est jamais laissé emporter par l’aigreur ou l’amertume. A travers ses pages, il donne une leçon d’espérance et de vie à toutes les personnes en situation de handicap. Reste que le chemin est semé d’embûches. « Je n’aurais jamais pu y arriver sans ma femme » dit-il, rendant hommage à celle sans qui il lui aurait été impossible d’enseigner, l’assistant dans ses cours, ses préparations et ses corrections.