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Cinéma # Salle Jacques-Tati

[zoom] Empire of light

(Grande-Bretagne 2023) romance de Sam Mendes avec Olivia Colman, Michael Ward, Tom Brooke.
1h59.

Note de la rédaction :

Dans la famille #jekiffelecinéma !, je veux… Babylon de Damien Chazelle. Déjà fait, pioche. Je veux… The Fabelmans de Steven Spielberg. Pas en stock, pioche. Je veux… Empire of light de Sam Mendes. Bonne pioche. Trois films-fleuves qui, chacun à leur manière, déclarent leur flamme au 7e art avec cette pointe de nostalgie qui laisserait à penser qu’il faille regarder dans le rétro pour imaginer un cinéma qui serait en mesure de se réinventer. Et ce, tout juste après ce passage à vide du confinement qui a fait trembler les salles obscures. Du passé…  

Aujourd’hui, le cinéma reprend des couleurs, et les réalisateurs n’en finissent pas de l’idolâtrer. Si Chazelle dessine les contours d’une fresque historique follement hollywoodienne, si Spielberg raconte le cinéma à travers ses yeux d’enfant, c’est forcément pour mieux l’aimer, l’aimer encore davantage et surtout ne pas oublier de l’aimer… Deux œuvres, chefs-d’œuvre, deux odes au style diamétralement opposé qui, toutes deux, ont pour point commun de nous plonger loin en arrière. 

A la différence du dernier Sam Mendes, plus moderne dans sa temporalité. On se retrouve projetés dans les années 80, sous l’ère Thatcher et sur fond de racisme, dans une petite station balnéaire anglaise. En face, s’érige un majestueux cinéma Art déco, aux airs lui aussi nostalgiques, qui résiste, tant bien que mal, aux affres de la crise. A l’image de l’héroïne, Hilary, incarnée par l’éclatante Olivia Colman qui nous offre ici une performance sans demi-mesure. Fragile, atteinte de troubles bipolaires, touchante, agressive, amoureuse, jalouse, violente, meurtrie, blessée, et abusée par son salopard de directeur, elle retrouvera le sourire le temps d’un amour fugace auprès de Stephen (Michael Ward), le nouvel employé qui viendra égayer son quotidien. Et trouvera refuge dans les bras du 7e art. Le cinéma comme catharsis, lui permettant ainsi de coucher sur la toile ses démons intérieurs. Et de s’évader, comme pour mieux se reconstruire. Empire of light s’illustre par cette infinie élégance, intimiste, à la lisière de la poésie mélancolique qu’on observe aussi délicatement qu’on admire un tableau de Hopper.