Le sale discours : sauve qui pue !
Une causerie-promenade à travers nos déchets et ce qu’ils racontent de nous.
Tout commence par une histoire de cochon, racontée par un acteur affublé d’un groin rose. L’histoire du cochon noir qui, en 1131, avait effrayé le cheval du fils du roi Louis le Gros, provoquant la chute fatale du jeune homme. Le souverain interdit immédiatement tout errement de ces coupables animaux dans les rues de Paris… Dès lors, sans ce dévoreur d’ordures frappé de disgrâce et relégué au plus haut de l’échelle du dégoût, la ville se mit à déborder d’immondices et à exhaler des odeurs des plus nauséabondes. Paradoxe ? Ce qui est considéré comme sale un jour peut-il s’avérer propre un autre ? Et inversement ?
Nourries de multiples recherches historiques, cette causerie théâtrale écrite et interprétée par le comédien David Wahl retrace avec humour, parfois poésie, l’histoire du rapport de l’être humain à son environnement à travers les déchets qu’il produit : ordures, excréments, pollution industrielle. Le voilà qu’il revêt une combinaison pour déverser sur la scène une pâte visqueuse et brune, seau après seau, siècle après siècle, de la pire fange à l’hygiénisme le plus incongru.
De l’eau à éviter sur la peau car soupçonnée porteuse de toutes les maladies, de l’urine saine pour l’hygiène buccale, du cercueil de plomb de Marie Curie au Panthéon, on passe à la propreté empoisonnée des déchets nucléaires radioactifs pour des centaines de milliers d’années. Pourquoi prendre une telle responsabilité ? C’est à cette réflexion que nous invite ce Sale discours, comme à une balade parmi les déjections fabriquées par nos propres corps, nos propres mains, nos propres croyances.
Un spectacle quasi épique, comme un jeu de piste plein de brio qui bouscule les évidences.