Retour à la liste des films
Cinéma # Ciné Donges # Ciné Malouine # Cinéville

[zoom] Lee Miller

(États-Unis 2024) biopic d’Ellen Kuras avec Kate Winslet, Andy Samberg, Alexander Skarsgård.
1h52.

Note de la rédaction :

Quelle déception. Et quelle gênance (Petit Robert, édition 2023 !!) de devoir l’avouer, tant le sujet porté à l’écran valait à lui seul tout l’or du monde. Lee Miller, la femme avant ce biopic raté… Une pépite, un diamant brut taillé dans la roche de l’histoire en cours. Une photographe de guerre comparable à nulle autre, l’une des premières sur le front, en Normandie, dans les camps de concentration à pénétrer les entrailles de l’enfer, à y capturer, son Rollerflex jamais loin du cœur, les horreurs de la barbarie nazie. Pour « documenter », informer – l’essence même du journalisme –  sur ces atrocités alors méconnues du commun des mortels. Et ce, pour le compte de Vogue magazine, où elle s’est illustrée en tant que mannequin avant que ses pages ne soient illustrées de ses photographies nécessaires, essentielles, fondamentales… pour comprendre l’incompréhension du monde ! Lee Miller, la muse (et compagne) de l’artiste peintre Man Ray qui l’a initiée à la photographie, l’amie du poète Paul Éluard, en ces temps légers de frivolité, à boire seins nus à l’ombre des jardins en fleurs… Lee Miller, comme tant d’autres, elle aussi, tombée dans les oubliettes, reléguée à son statut d’objet… de mode, et qui sombre dans l’alcool sans doute pour mieux cohabiter avec ses démons intérieurs… Que sont tous ces morts, ces corps décharnés, disloqués, ces regards vides, apeurés, immortalisés par son objectif, et qui ne cesseront de la hanter,  jusqu’à son dernier souffle. Et de souffle, parlons-en, car dans ce film, il en a terriblement manqué… De souffle, de rythme et d’intensité aussi. Il a manqué ce petit supplément d’âme qui aurait fait la différence. Un film qui est passé à côté, eu égard à la destinée shakespearienne de cette amazone américaine qui a osé l’inimaginable, se faire prendre en photo dans la baignoire d’Hitler ! Cliché qui a fait le tour du monde. Un film, osons, sans émotions, trop doctoral, sans profondeur, trop romanesque face à la Grande Histoire ici réduite à un enchaînement d’images, de scènes vues et revues… Pas cela le souci. Au contraire, que jamais nous ne cessions de les voir ces images, mais c’est la façon, la manière dont c’est présenté ! En un mot : lourd… Une lourdeur ici accentuée par une musique larmoyante qui sonne faux, et nous empêche de rentrer intégralement dans cette histoire filmée que l’on aurait espéré à l’image de son héroïne… Intrépide, non conventionnelle, audacieuse. Héroïne incarnée par la non mieux formidable Kate Winslet dont le jeu ici malheureusement imparfait ne convainc pas. À défaut d’être un chef-d’œuvre, Lee Miller (le film) aura au moins eu le mérite de faire parler de Lee Miller (la femme d’exception).
L’une des grandes oubliées de l’Histoire, tellement légion, à l’instar d’Odette du Puigaudeau, l’aventurière nazairienne au long cours à l’œuvre et la vie hors du commun aujourd’hui célébrée, à juste titre (lire article expo).
 

 

Dates pour cet évènement
La Toile de Mer : VF. Lun : 13h55.
VO. stf. Jeu : 16h15.
auteur avatar
Marie Bulteau
Journaliste